Préparer l’après et apprendre son futur métier derrière les barreaux !

Hanaa Khachaba Nevine Ahmed Dimanche 20 Octobre 2019-13:00:55 Dossier
Préparer l’après et apprendre son futur métier derrière les barreaux !
Préparer l’après et apprendre son futur métier derrière les barreaux !

-Parce qu'un détenu formé ou ayant travaillé en prison réduit de près de moitié ses risques de récidiver, l’Administration des prisons d'Egypte propose des pistes pour améliorer la réinsertion des prisonniers, notamment par la formation. Il s’agit de préparer l’après. Le travail pénitentiaire s’avère donc important et les produits que ces prisonniers fabriquent sont mis en vente sur le marché local.

 

 

Ici, loin des quatre murs de la prison, il n’y a point de barreaux. Ce sont de longs couloirs ou des cellules, qui offrent une sorte d’atelier de formation professionnelle dans les prisons égyptiennes. Dans ces vastes espaces de travail, on apprend à souder des fils électriques, édifier des murs de plâtre, découper du bois ou encore réparer des vélos. Ces prisonniers peuvent donc mettre à profit leur temps d’enfermement pour se former. Un atout pour éviter la récidive.

L’orientation des détenus dès leur arrivée en prison, le développement de leurs qualifications professionnelles, par le travail et la formation, sont deux impératifs majeurs.

Les maisons d’arrêt ou la prison n’est pas un endroit de torture, comme prétendent certaines organisations suspectes à l’instar de Human Rights Watch. En plus d’être un lieu où les détenus purgent leur peine pour s’acquitter de leur devoir envers la société, c’est un lieu aussi correctionnel qui leur offre une reconduite et une discipline pour une meilleure réinsertion dans la société.

Les prisons égyptiennes se sont transformées en une ruche où le travail s’accomplit avec une remarquable compétence, d’après le témoignage de la clientèle, qui cherche sur le marché les produits des prisonniers vu leur qualité et leurs prix compétitifs. Une vraie forteresse industrielle, voilà comment un responsable sécuritaire qualifie les prisons égyptiennes. Il souligne que plusieurs ne voient dans la prison qu’un lieu d’enfermement correctionnel, mais qu'en réalité c’est également un lieu où l’on aide les prisonniers à apprendre un métier pour leur permettre de préparer leur avenir et de réintégrer la société, à leur sortie, explique-t-il. Plus essentiel encore, les métiers qu’apprennent les prisonniers et leur formation, empêchent leur récidive, ajoute le responsable.

Dans les prisons égyptiennes, les détenus vivent en communauté, développent leurs capacités et gagnent leur pain. Les activités en prison représentent un instrument efficace de réinsertion dans la société pour ces personnes dont les conditions pourraient être précaires à leur sortie de prison.

Purger sa peine en prison ne doit pas signifier la fin du monde. Ce serait peut-être la fin d’un épisode fâcheux dans la vie d’un individu. Il faut que celui-ci tourne définitivement cette page noire de son parcours ; il est là pour se laver des torts qu’il a commis à la société. Une fois qu’il s’en sort, il s’attend à ce que la vie lui sourie de nouveau. Comment cela serait réalisable au terme d’un long séjour passé derrière les barreaux si ce n’est à travers un programme de formation exclusif visant à favoriser leur sortie de délinquance ?

Des spécialistes sont là pour corriger la conduite des prisonniers et notamment les réhabiliter et les former. Leur travail est rémunéré, explique-t-on. Ils sont payés pour les produits qu’ils présentent. Ils peuvent même, par cet argent qu’ils gagnent de leur travail à l’intérieur de la prison, aider leurs familles.

Le temps de détention devrait être pensé en fonction des besoins des personnes détenues et construit autour d’activités variées alliant formation professionnelle, travail, activités socio-culturelles ou éducatives, activités physiques… Un mode de vie sédentaire en détention, loin s’en faut ! Le sport est une activité essentielle. Il est inconcevable de rester enfermé dans une cellule 24h/24, à ne rien faire, scotché à l’écran. Des exercices physiques sont donc nécessaires pour que les détenus puissent se maintenir en forme, en prévision de leur réintégration dans la société.

Les actions d’alphabétisation permettent aussi à des personnes détenues analphabètes d’apprendre à lire et à écrire, question de les préparer à rejoindre le marché du travail, ne fut-ce à travers un métier artisanal. Mais pour avoir un avantage sur des concurrents dont le casier judiciaire est vierge, savoir lire et écrire pourrait faire la différence. 

D'importantes activités culturelles sont proposées en prison (atelier d’écriture, théâtre, peintures, travaux manuels et artistiques…). Ce genre d’activités intéresse beaucoup les détenus. Ces activités ne consomment pas uniquement le temps, elles aident aussi les prisonniers à vendre leurs produits confectionnés à la main dans des expositions en dehors de la maison d’arrêt. Le département pénitentiaire s’en charge.

Des prisonniers égyptiens ont en fait réussi à présenter des produits diversifiés, parmi des produits en bois, des vêtements ou autres. Les recettes réalisées sont versées, comme souligné, à chaque détenu afin d’en faire des économies. En prison, il pourrait subvenir, à distance, aux besoins de sa famille. A sa sortie, ce très bon pécule serait comme une bouée de sauvetage jusqu’à ce qu’il trouve un emploi adéquat. Outre la rémunération obtenue, le travail carcéral permet aux prisonniers de se sentir encore utiles et vivants, même s’il se résume à une activité occupationnelle, source de quelques revenus. Ainsi pourraient-ils mobiliser une compétence acquise à leur sortie de prison.

Le secteur pénitentiaire au ministère de l’Intérieur participe alors à l’exposition sur les métiers artisanaux chaque année et présente ainsi les produits fabriqués par les prisonniers. L’objectif est de réaliser la stabilité psychique et sociale de tous les prisonniers et de travailler à les réhabiliter pour leur assurer un emploi dans l’avenir, à leur sortie.

Comme l’esprit oisif est l’atelier du diable, les autorités pénitentiaires s’investissent à meubler le temps des prisonniers. Tant que le désœuvrement ne connaît pas son chemin vers la prison, le maintien de l’ordre et de la sécurité serait efficacement assuré. Les personnes qui y sont détenues en sortiront un jour la tête haute d’avoir purgé leur peine tout en acquérant de nouvelles compétences.

Dans la société, la réintégration passera tout doucement…

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